Le Clodo
Chaque jour il est là, assis au coin de la rue,
Parfois la tête dans ses bras, mais toujours le regard perdu !
Mais à chaque chaland qui passe, il dit : « Bonjour ! Bonne journée ! »
Et jamais il ne se lasse, on dirait que c’est comme un lien
Qui l’unit à la populace, lui garde un peu d’humanité !
Mais les gens sont indifférents : c’est comme s’ils n’entendaient rien !!
Il est toujours habillé du même pantalon beige
D’une veste un peu fripée d’un rouge couleur de fraise,
Et d’ éternelles chaussures en vielle peau jaune d’or !
Pour paraître assez propret, il doit faire bien des efforts !
Un matin j’ai pris le temps de m’arrêter pour lui parler
De la pluie ou bien du beau temps, mais au moins, je l’ai salué !
J’ai glissé dans sa main tendue un peu de ma menue monnaie,
Et je crois bien que de nous deux, c’est moi qui était la plus gênée !
J’aimerais lui demander comment il a fini là,
Qu’est-ce qui a cassé dans sa vie, et quels furent ses combats…
Que fait-il quand vient le soir ?? A-t-il seulement un toit
Où l’attendent des enfants, une femme,… ou même un chat ???
Mais ce serait indiscret : de quel droit tant de questions ?
Je risque de le froisser, et de lui faire monter le honte au front !!!
Alors je me tais…
Et la honte, c’est moi qui l’ai…
17 novembre 04